Cet article à été réalisé avec des extraits du livre de R. Foch tome 3 et complété par un travail de recherches des adhérents de l’association.
Raymond Laporte (1784-1863) était le fils de Jean Laporte maître cordonnier et Anne Caubet de Cazères. C’était une force de la nature à la carrure imposante (la reproduction de sa photo le montre!)
Il s’engage le 25/07/1808 dans l’armée napoléonienne au 2° bataillon des chasseurs de montagne de l’Ariège. Il est nommé caporal le même jour et, sergent-major le 11 novembre.
Il participa certainement à la campagne d’Espagne car, il se retrouva congédié pour « infirmité » en juin 1812 à Perpignan. Mais, il reprend du service en septembre 1813 dans la compagnie des Grenadiers de la 2° cohorte de la légion de la garde nationale de la Haute-Garonne. Avec cette compagnie, il participe à la campagne du Val d’Aran de 1813-1814.
Au mois de mars 1814, l’armée française (rentrant d’Espagne) est poursuivie par les troupes anglaise, espagnole et portugaise et tente de se replier sur Toulouse (ou se déroulera la bataille du 10 avril). C’est le 25 mars 1814 que notre Cazérien Raymond Laporte intervient :
« Il est entré seul à cheval dans la ville de Saint-Martory, a chargé 4 dragons anglais, auxquels il a fait mettre bas les armes, et qu’il a confié à la garde des habitants. Puis, il a pris 7 portugais, 4 muletiers et 10 mulets chargés de munitions qu’il confia à la ville. Il se réunit ensuite avec un capitaine et un dragon français et, s’empara avec eux d’un convoi d’environ 20 mulets chargés d’armes et de munitions ainsi que de leurs conducteurs qu’il conduisit à Saint-Girons et à Foix »
Raymond LAPORTE : un Cazérien hors du commun !
Ce fait d’arme lui vaudra d’être le premier cazérien nommé chevalier de la légion d’honneur le 09/08/1833 ! (voir copie de sa carrière)
Il sera aussi décoré de la médaille de Saint-Hélène en 1857. La médaille de Saint-Hélène crée par Napoléon III récompense les 405,000 soldats encore vivants en 1857 qui ont combattus aux côtés de Napoléon I° pendant les guerres de 1792-1815. (D’autres Cazériens ont reçu cette médaille)
Revenu à la vie civile, il établira une auberge dans une partie des bâtiments du moulin de l’Hourride (aujourd’hui pharmacie de la halle). En 1816, on trouve la trace de sa patente de « billardier ». Mais, en 1830, il reprit en parallèle jusqu’au 13/9/1833 du service à la compagnie de grenadiers de la garde nationale de Cazères comme lieutenant (et capitaine le 05/08/1832).
Il aura connu dans sa vie : 4 rois,2 républiques et, 2 empereurs !
L’auberge prospéra et devint l’Hôtel du Midi.
Lorsqu’il cessa son activité, son neveu Jacques Sénat pris sa succession.
Lorsque le moulin fut mis en vente (une nouvelle fois), Jacques Sénat s’associa au « sieur » Laforre pour le racheter. Mr Laforre exploitant le moulin en bas et J.Sénat les étages supérieurs pour exploiter ce qui était devenu le « Café Grand Hôtel du Midi ».
Il le rénova et créa même pour les clients une salle à manger d’été sur la terrasse du dernier étage, Raoul Sénat (fils de Jacques) pris la suite et développera une renommée régionale de gastronomie. Des gourmets venaient de Toulouse comme les membres du « Véloce-Sport » (organe de la « vélocipédie ») qui venaient de Toulouse en vélo pour faire un bon repas chez l’ami Raoul Sénat (lui aussi « véloceman »),
« A Cazères où nous attendait un excellent déjeuner, dont le menu était on ne peut mieux soigné et arrosé par les meilleurs crus.M. Sénat est non seulement d’une amabilité exquise, mais a l’habitude de recevoir ses amis d’une façon princière ».
Cette table renommée cessera son activité vers 1919, les descendants étant partis exercer leur talent au bord de l’océan !
Etape à Cazères:
L’exploit de Raymond Laporte à Saint-Martory n’arrêta pas l’avancée des troupes anglaises en direction de Toulouse.
En effet, une étude du Lieutenant Mazars nous indique que le 25 avril, l’armée du général Hill fit étape à Cazères. Il passa la nuit dans la « maison des guirlandes » (ou maison Marcailhou avenue Hector d’Espouy). Les soldats donnèrent un grand bal dans les salles du château (qui ne fut vendu et démoli qu’après 1822).
Hôtel Sénat photo de 1890 vue arrière où l’on distingue en sous-sol le moulin, au premier étage le Restaurant et au troisième étage la salle à manger d’été pour les clients.
A noter sur la droite, du linge qui sèche à côté du lavoir du Bourguet (que l’on ne voit pas)
Compléments publication Raymond Laporte:
Nous avons relaté l’exploit de Raymond (à Saint-Martory) contre les Anglais et leurs alliés Portugais qui poursuivaient les troupes napoléoniennes qui se repliaient vers Toulouse.
En 1990, Jean Mano avait photographié une pierre qui témoignait de ces passages de troupes. Cette pierre se trouve à Mauran au lieu dit Pouèges. Ce lieu surplombe la route de Roquefort à Mauran. Un anonyme (sans doute caché) a observé ces mouvements. Il nous en a laissé un témoignage en gravant une pierre (voir photo ci-contre)
Rectification:
Nous avions indiqué que Raymond Laporte était le premier cazérien décoré de la légion d’honneur.
Les recherches de Mr Granson indiquent que Raymond Laporte n’est pas le premier Cazérien à avoir été fait chevalier de la légion d’honneur.
Il a été décoré le 09/08/1833. Avant lui, Cazabon Joseph avait été fait chevalier le 14/06/1813.
Pour plus d’informations vous pouvez consulter le document réalisé par Mr Granson ci-dessous (1 clic sur le bouton « Télécharger« ).
Le restaurant Sénat (complément):
Selon son petit-fils qui habitait Mauran: Le Restaurant Sénat a obtenu une étoile dans les toutes premières éditions du guide Michelin (vers 1910-1911 ?).
Après la guerre de 1914-1918, l’activité du restaurant ayant du mal à repartir, son grand-père, un homme au caractère bien trempé, estimant qu’il n’arriverait plus à remonter l’activité au niveau atteint avant la guerre, n’a pas voulu vendre le restaurant et a préféré cesser l’activité. (J.Granson)