Les lieux :

      Nous voilà fin du XIX° siècle, dans les années 1880.
Cyprien Lubet, propriétaire bien connu du lieu de Cazères,
dispose de grandes vignes au delà de la voie ferrée, en
partant vers Toulouse.
      Il fait commerce de son vin et de plants de vignes.
Il rajoute, à un bâtiment qui lui sert de chai, quartier de
Bouchon, une partie nouvelle achevée en 1885. Cette
nouvelle construction donne sur la route de Palaminy.

photo place lafayette à cazeres sur garonne
photo etiquette commerçants Cyprien Lubet en 1880 à Cazeres

 

      Cyprien a mis au point un pressoir horizontal, alors que, de tradition, ils sont verticaux. Ce pressoir est installé, lors des vendanges, dans
son entrepôt, auquel il vient d’adjoindre une maison d’habitation
cossue, en 1901. C’est probablement cet attelage, tiré par une paire de boeufs, qui a été immortalisé par « Labouche », place Lafayette, sur la carte postale que nous avons retrouvée dans les archives.

Sans doute, cette nouvelle maison était-elle destinée à sa fille Marie, qu’il avait eue, à Cazères, avec son épouse Joséphine Raymonde Morère, le 30 juin 1881.
En effet, Marie épouse Jean Marie Paul André Vidal, le 4 septembre 1901 à Mondavezan. De cette union naitront deux enfants, Hélène (1902/1970) et Paul (1908/1998).
Mais la grande guerre arrive, et Jean, malgré son âge avancé (39 ans), est mobilisé et part sur le front, incorporé le 25 janvier 1915.
Il sera tué à l’ennemi le 26 septembre 1915 à Souchez (Pas de Calais). On lui décernera la Croix de guerre avec étoile d’argent à titre posthume (JO du 6.07.1924) et la Médaille militaire.
Marie se retrouve alors veuve de guerre avec ses deux enfants à charge, dans la « maison Vidal ».

Le Théâtre :
      Maria (Marie) avait un caractère entreprenant et était artiste dans l’âme, elle jouait du piano!
Après le décès de son mari tué à la guerre en 1915, à l’âge de 39 ans, et après le mariage de ses enfants (vers 1932), elle eut le souci des jeunes filles et des jeunes garçons de Cazères, qui étaient désoeuvrés car aucune distraction n’existait alors.
Aussi créa-t-elle un patronage, et plus spécialement pour les filles, un cours de théâtre, dans l’entrepôt aménagé à cet effet.
      Ces pièces de théâtre attiraient beaucoup de monde et, avec les fonds récoltés lors des représentations, Maria Vidal organisait des voyages permettant ainsi aux jeunes filles de Cazères de voir du pays : Paris, la Côte d’Azur, certainement Lourdes et autres lieux.
      De nombreux cazériennes et cazériens se souviennent encore de tout cela. Notamment Madame Henriette Mesplé qui demeure presque en face de la « maison de Maria », à l’angle de l’avenue Hector d’Espouy et de la rue de la poste. Si vous pouviez l’interroger, elle vous conterait l’histoire qu’elle a vécue dans ce « club » de théâtre.
      Maria était très pratiquante, avec une foi forte et bien enracinée, allant à la messe tous les matins et faisait le catéchisme, mais elle a dû lutter contre le curé pour que le théâtre puisse être maintenu le dimanche à 15h, à l’heure des vêpres !!!
Autre service rendu, et pas des moindres, lors des deux guerres, elle s’est chargée d’aider de nombreuses veuves à remplir les divers dossiers leur permettant de toucher une pension.
      Marie Vidal était connue dans tout le canton (source C. VITAL).

      Henriette, interrogée, a été heureuse de se remémorer tout ça ! Elle a ajouté que le directeur de la troupe était M. De Crozan, qu’il y avait une troupe de petits (dont elle faisait partie) et une troupe de grands (avec, entre autres, Simone Fauroux et sa cousine Josette Villechanot, Germaine Abribat — la soeur d’Henriette —… ).
      Les spectacles des grandes (Les chaussons de la Duchesse Anne, Âme d’esclave…), avec des costumes loués à Toulouse, étaient payants et l’argent était reversé aux soldats.

Photo spectacle des grandes

 

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2 Jeanine Prio
3 Christiane de Crozan
4 Lucie Tourte
5 Noelle Atané
6 Suzette Sirgan
7 Henriette Servan – Mesplé
8 Jeanine Bergés
9 Lucette Authenac – Nat
10
11 Lucette Naylis
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Identification de la troupe enfants